Depuis plus de vingt ans, la France cherche des solutions face aux défis du vieillissement de la population. Les débats sur le financement de la dépendance, le soutien aux seniors et l’avenir des établissements d’hébergement reviennent régulièrement dans l’actualité. Aujourd’hui, la possible suppression d’un jour férié fait débat, portée par une proposition du Sénat : instaurer une seconde journée de solidarité afin de mieux financer les Ehpad publics, qui traversent une période très difficile.
Pourquoi parler d’un nouveau jour férié supprimé en France ?
Le déficit croissant des Ehpad publics met en lumière l’incapacité à garantir un service digne pour les personnes âgées dépendantes. Malgré l’instauration, dès 2004, d’une première journée de solidarité, le secteur souffre toujours d’un manque de moyens important. La perspective de supprimer un autre jour férié interroge autant sur le plan symbolique que social, car elle touche directement au droit au repos et à l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle.
Derrière chaque discussion sur la suppression de jour férié, il y a la recherche d’un équilibre entre la responsabilité collective envers les seniors et la préservation des droits individuels des salariés. Cette mesure, souvent présentée comme un acte de solidarité nationale, suscite aussi des critiques, notamment autour de la progression du travail non rémunéré et de l’allongement de la durée de travail sans compensation claire.
La genèse de la première journée de solidarité et ses conséquences
Après la canicule de 2003 ayant coûté la vie à des milliers de seniors, le gouvernement a mis en place en 2004 la première journée de solidarité. Depuis, chaque salarié travaille un jour férié, un RTT ou un congé payé pour contribuer au financement de la dépendance. Ce dispositif rapporte environ trois milliards d’euros par an, destinés aux politiques publiques en faveur des personnes âgées et handicapées.
Cependant, malgré cette ressource, les Ehpad publics demeurent sous-financés. L’augmentation constante des besoins des seniors, conjuguée à des pressions économiques et sociales, menace la qualité de leur accompagnement. Pour approfondir la question des enjeux de gestion financière et de développement propres à ces établissements, les conseils et analyses proposés par Acteurs du Commerce Français apportent des éclairages utiles sur l’accompagnement des structures dans leurs défis actuels. Le système actuel ne suffit plus à répondre aux attentes ni à assurer la pérennité du soutien aux établissements.
Le Sénat pointe l’urgence d’une réforme profonde
À l’automne 2023, le Sénat alerte sur la situation critique du financement de la dépendance. Il estime à près de 800 millions d’euros le déficit des Ehpad publics, exposant le secteur à un risque réel de rupture de service. Selon le Sénat, la seule journée de solidarité ne permet plus de couvrir les besoins essentiels.
Ce signal d’alarme invite à repenser le modèle actuel. Pour beaucoup, additionner les journées de travail non rémunéré ou supprimer davantage de jours fériés n’est pas suffisant. Cela ne résout pas le problème structurel du financement de la dépendance, surtout dans un contexte de crises sociales et économiques récurrentes. D’ailleurs, certains secteurs proposent également des pistes alternatives via la formation professionnelle et l’emploi pour soutenir la transformation du secteur médico-social, comme le souligne la page dédiée à l’emploi et à la formation chez Acteurs du Commerce Français.
Vers une seconde journée de solidarité : quels enjeux ?
L’idée d’imposer une nouvelle journée travaillée gratuitement vise à générer rapidement des recettes supplémentaires pour sauver les Ehpad. On espère ainsi récolter quelques centaines de millions d’euros en plus, ce qui pourrait limiter temporairement les fermetures d’établissements et préserver certains emplois dans le secteur.
Mais ce recours répété à la suppression de jour férié épuise la population active et ne garantit pas une amélioration durable du soutien aux seniors. Beaucoup redoutent une succession de mesures ponctuelles au lieu d’une véritable réforme de fond, avec le risque d’installer une forme de lassitude sociale.
Les réserves de la sénatrice Anne Souyris
La sénatrice Anne Souyris critique cette stratégie. Elle considère qu’il serait plus efficace de revoir la tarification des Ehpad, en indexant réellement leurs tarifs sur l’inflation. Une telle mesure permettrait aux établissements d’ajuster leurs ressources aux coûts réels de prise en charge, plutôt que de demander sans cesse de nouveaux sacrifices aux salariés.
Multiplier les jours de repos sacrifiés risque d’affaiblir la cohésion sociale et la motivation des travailleurs, sans offrir de garanties solides pour le financement de la dépendance à long terme.
Suppression de jour férié : quelles conséquences pour les actifs et les familles ?
Si une nouvelle journée de solidarité est instaurée, cela signifie pour de nombreux Français devoir renoncer à un jour de congé supplémentaire. Ce changement se traduit par moins de temps libre, une pression accrue et un sentiment d’injustice, surtout lorsque tous n’ont pas le même accès aux dispositifs compensatoires tels que les jours RTT.
Les syndicats et associations dénoncent déjà la multiplication des journées de travail non rémunéré. Ils mettent en avant l’impact négatif sur le pouvoir d’achat et la vie familiale, particulièrement dans un environnement où la flexibilité exigée pèse lourdement sur l’équilibre entre vie professionnelle et privée.
Quels leviers alternatifs face à la crise du financement de la dépendance ?
De nombreuses voix appellent à explorer d’autres pistes plutôt que de s’en remettre uniquement à la suppression de jour férié. Certains proposent de repenser la tarification des établissements, de mieux adapter les budgets publics à l’évolution démographique ou encore de favoriser le développement de structures alternatives mêlant domicile, accompagnement médicalisé et vie communautaire.
- Revoir les tarifs des Ehpad pour refléter le coût réel de l’accompagnement.
- Adapter les crédits d’assurance maladie et les budgets sociaux à la réalité démographique.
- Encourager des solutions innovantes pour le maintien à domicile ou la diversification des modes d’accueil.
- Créer une fiscalité spécifique dédiée au financement de la dépendance, afin de répartir équitablement l’effort sur l’ensemble de la société.
Ces solutions demandent du courage politique et une information transparente auprès du public. Elles montrent que la simple addition de journées de solidarité ne suffit plus à protéger dignement nos aînés.