Le phénomène du squat suscite toujours autant de préoccupations. Longtemps associée aux résidences secondaires inoccupées, l’occupation illégale vise désormais un tout autre type de bien : les maisons laissées vacantes durant une succession. Entre changements sociétaux et failles législatives, cette évolution inquiète héritiers, riverains et autorités. À travers quelques exemples récents et une analyse des ressorts de ce glissement, découvrons ce qui motive vraiment ces choix audacieux des squatteurs dans toute la France.
Pourquoi les maisons en succession attirent-elles les squatteurs ?
Autrefois réservée à certains profils d’immeubles ou de villas loin des regards, l’occupation illégale touche aujourd’hui un secteur souvent oublié : les maisons dont la procédure de succession n’est pas totalement réglée. Ces logements restent parfois désertés pendant plusieurs mois, sans surveillance assidue ni intervention immédiate d’un propriétaire officiel. Une configuration idéale pour des squatteurs en quête d’opportunités faciles.
En l’absence de responsables présents et avec une surveillance réduite, ces biens se démarquent parmi les nouvelles cibles privilégiées. Il suffit qu’une maison paraisse inhabitée — comme des piscines vides, des jardins non entretenus ou des boîtes aux lettres débordant de publicités — pour attirer l’attention de ceux qui cherchent à s’installer discrètement. On remarque également que certains propriétaires profitent du départ temporaire des squatteurs pour retrouver leur bien, mais cela comporte des risques juridiques importants. Pour mieux comprendre les démarches à respecter, il est conseillé de consulter les étapes légales pour expulser des squatteurs sans risque.
Des terrains privés délaissés deviennent vulnérables
La vacance résidentielle prolongée attire aussi l’attention sur d’autres propriétés telles que forêts familiales, péniches, bateaux ou vastes terrains privés issus d’héritages. Souvent hors des circuits classiques de location ou de vente rapide, ces espaces échappent au regard vigilant du voisinage ou des services municipaux.
Plusieurs affaires récentes illustrent ce phénomène : une ferme familiale en Haute-Garonne squattée pendant deux ans ou encore une maison de maître à Stains occupée par plus de cent personnes et totalement dégradée. Outre le choc émotionnel pour les familles, il faut faire face à une véritable épreuve logistique et financière lors de la récupération des lieux. Parfois, les parcours de vie basculent complètement, même chez ceux ayant été propriétaires de nombreux logements. Les situations dans lesquelles une personne passe du statut de propriétaire à celui de squatteur sont rares mais révélatrices, comme le montre l’expérience vécue par certains qui partagent leur histoire de basculement inattendu vers l’occupation sans droit.
Résidences secondaires : une cible toujours exposée mais concurrencée
Les résidences secondaires demeurent des proies de choix. Jardins à l’abandon, piscines inutilisées ou absence prolongée des propriétaires ouvrent toujours la porte à l’occupation illégale. Mais la détermination des squatteurs va aujourd’hui plus loin, puisqu’ils osent désormais s’en prendre à toutes formes de propriété momentanément désertée, quel que soit leur usage initial.
Si le squat de résidences secondaires a longtemps donné lieu à des batailles juridiques coûteuses, il s’étend à présent à des biens moins protégés légalement, où l’ambiguïté du statut fragilise encore davantage les héritiers potentiels.
Quelles régions sont le plus touchées par ce phénomène ?
Toutes les zones françaises ne connaissent pas la même intensité d’affaires de squat. Parmi les 124 cas recensés officiellement en 2021, quatre régions concentrent près de 80 % des situations : Île-de-France, Hauts-de-France, Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) et Occitanie.
Cette concentration s’explique autant par la présence de nombreux biens vacants que par la diversité des paysages immobiliers. Villas balnéaires, demeures rurales, terrains forestiers ou péniches amarrées enrichissent cette liste, chaque typologie présentant ses propres angles morts propices à une intrusion illégale.
- L’Île-de-France, avec son patrimoine périurbain, subit régulièrement des occupations dans les quartiers en transition.
- PACA attire les squatteurs grâce à la présence de nombreuses résidences saisonnières et logements secondaires.
- Hauts-de-France voit certains villages désertés concernés, là où maisons et terrains prennent la poussière entre deux générations d’héritiers.
- L’Occitanie mélange fermes dispersées et bâtisses familiales éloignées des centres urbains, configurant le décor idéal selon les experts locaux.
À chaque région sa spécificité, mais la tendance demeure similaire partout : dès qu’un bien laisse poindre le moindre signe de négligence ou d’absence, la menace d’occupation illégale grandit.
Comment la loi tente-t-elle d’endiguer les nouveaux squats ?
Face à la multiplication des situations problématiques, l’arsenal législatif évolue. Avec la loi Kasbarian-Bergé de 2023, l’État français entend dissuader les squatteurs grâce à des sanctions renforcées : jusqu’à trois ans de prison et 45 000 euros d’amende, contre seulement un an auparavant. Cette nouvelle donne concerne particulièrement les infractions commises sur les maisons, qu’elles soient principales, secondaires ou en attente de succession.
L’accélération des procédures d’expulsion joue aussi un rôle majeur. Depuis la promulgation de la loi, le nombre de demandes aurait triplé, preuve d’une prise de conscience croissante chez les héritiers comme auprès des communes.
Des mesures concrètes pour se prémunir contre l’occupation illégale
Les héritiers font désormais preuve d’une vigilance accrue. Quelques mesures simples permettent de limiter les risques : installer une alarme temporaire si aucun membre de la famille ne peut occuper la maison, équiper les extérieurs de caméras ou surveiller régulièrement jardins et piscines. Prévenir le voisinage ainsi que la mairie du caractère transitoire de la vacance s’avère également très utile.
Certains font appel à des sociétés de gardiennage pour occuper temporairement ou vérifier les lieux. D’autres engagent rapidement les démarches de succession afin qu’un responsable soit désigné et que les droits de propriété soient clairement établis vis-à-vis de toute personne extérieure.
Le rôle essentiel des collectivités locales et de la solidarité de voisinage
Moins connue mais tout aussi efficace, la mobilisation collective porte ses fruits. Des alertes transmises rapidement à la gendarmerie ou à la mairie permettent d’agir avant que les squatteurs ne prennent possession définitive de la propriété. Des réseaux de surveillance entre voisins voient le jour dans certaines communes rurales ou pavillonnaires.
Cet engagement citoyen constitue souvent le premier rempart contre la transformation d’une maison en habitation collective non désirée, site de nuisances potentielles ou simple abri saisonnier improvisé.