Six ans après l’instauration du 80 km/h sur les routes secondaires, le débat autour de la limitation de vitesse n’a jamais vraiment disparu parmi les automobilistes. L’application en 2018 de cette nouvelle règle avait été présentée comme la solution pour réduire la mortalité sur le réseau routier départemental. Pourtant, dans la réalité quotidienne, ce changement s’est souvent heurté à l’incompréhension et à la frustration des conducteurs. Ces derniers mois, une tendance de fond se dessine : plusieurs départements étudient ou confirment un retour à 90 km/h sur certains axes stratégiques. L’Eure vient d’officialiser sa décision, rejoignant ainsi d’autres territoires ayant fait machine arrière.
Pourquoi la limitation de vitesse à 80 km/h avait-elle été instaurée ?
L’abaissement de la vitesse maximale autorisée à 80 km/h, appliqué en 2018, visait deux objectifs majeurs : renforcer la sécurité routière et réduire le nombre d’accidents mortels sur les routes départementales. Les autorités espéraient ainsi sauver près de 400 vies chaque année sur le réseau secondaire, considéré comme accidentogène.
Cette mesure ciblait principalement les départementales bidirectionnelles sans séparateur central, là où la gravité des accidents demeure élevée. Dès son entrée en vigueur, cependant, la règle a suscité un malaise chez de nombreux usagers habitués à l’ancienne limitation. Beaucoup ont estimé que la sécurité ressentie n’était pas au rendez-vous, tout en déplorant un ralentissement jugé excessif du trafic local.
Quel bilan pour la sécurité routière après six ans de 80 km/h ?
Depuis cette réforme, les discussions se sont nourries de chiffres contradictoires et d’expériences locales variées. Les premiers bilans officiels ont révélé des résultats plus nuancés qu’attendu concernant l’impact sur la sécurité routière. Plusieurs élus locaux, dont Thierry Plouvier, vice-président du département de l’Eure chargé des mobilités, ont souligné l’absence de bénéfices significatifs en matière de baisse de la mortalité sur le long terme.
Face à ces constats, la pertinence du maintien généralisé de la limitation à 80 km/h a été remise en question dans de nombreux territoires. Le sentiment partagé est que la réglementation uniforme ne répond pas toujours aux réalités du terrain et aux besoins spécifiques des différents axes du réseau routier. Pour mieux comprendre la portée de ce débat, il peut être utile de consulter l’évolution récente de la réglementation sur la limitation de vitesse à 80 km/h en France.
Le retour à 90 km/h progresse-t-il en France ?
L’Eure n’est pas un cas isolé. Plusieurs départements ont déjà choisi de relever la limitation de vitesse à 90 km/h sur certains tronçons jugés adaptés. Cette évolution marque une rupture avec l’application systématique décidée en 2018, et privilégie désormais une gestion locale adaptée à chaque route.
Plutôt que de reconduire une règle uniforme, chaque territoire prend en compte sa propre réalité : densité du trafic, état des infrastructures, profil des accidents… Cette autonomie permet d’éviter une homogénéisation artificielle du réseau routier départemental et d’apporter des réponses plus efficaces. Dans ce contexte, rester attentif aux alertes radars de vitesse constitue un moyen supplémentaire d’assurer la sécurité, notamment grâce à des outils modernes comme l’activation des alertes radars de vitesse sur Google Maps.
Une adaptation progressive selon les besoins locaux
Pour rétablir le 90 km/h sur certaines routes concernées, les départements engagent une analyse minutieuse. Il ne s’agit pas de généraliser le relèvement de la vitesse sur l’ensemble du réseau secondaire. Dans l’Eure, par exemple, une étude détaillée sera menée sur chacun des 420 itinéraires départementaux avant toute modification de signalisation.
Ce travail repose sur des critères précis : fréquentation, niveau d’accidentologie, qualité des infrastructures. Les zones sensibles resteront probablement limitées à 80 km/h, tandis que les axes moins risqués pourront bénéficier du relèvement de la vitesse si les conditions le permettent.
Un coût non négligeable pour l’adaptation
Adapter la signalisation représente un investissement conséquent. Pour l’Eure, le budget nécessaire avoisine les 200 000 euros afin de remplacer les panneaux sur les routes concernées par le retour à 90 km/h.
À cela peuvent s’ajouter d’autres dépenses, notamment si des aménagements spécifiques sont requis pour garantir la sécurité lors de l’évolution de la limitation de vitesse. Malgré tout, beaucoup d’élus voient dans cette démarche une opportunité d’améliorer la fluidité de la circulation sans sacrifier la prévention des accidents.
Quelles sont les routes concernées par ce retour à 90 km/h ?
Le retour à 90 km/h ne concernera pas la totalité des routes départementales. Seules celles qui répondent à des critères stricts seront sélectionnées, afin d’assurer une sécurité optimale et d’éviter les erreurs du passé. Ce processus d’analyse commencera dès la fin des consultations et s’étendra sur plusieurs mois.
Dans le détail, la sélection des axes concernés suit plusieurs étapes clés :
- Identification des itinéraires affichant une faible accidentologie et une bonne visibilité.
- Sélection des portions présentant peu d’intersections dangereuses ou d’accès privés fréquents.
- Étude approfondie du trafic, en privilégiant les axes utilisés pour les déplacements interurbains rapides.
- Exclusion systématique des tronçons exposés à des intempéries fréquentes ou à une accidentologie marquée.
- Concertation avec les mairies et acteurs locaux pour affiner la cartographie finale.
D’après les premiers retours, cette méthode participative favorise l’adhésion des habitants, nombreux à souhaiter retrouver le 90 km/h sur leurs trajets quotidiens. Ce dialogue constant s’inscrit dans la nouvelle philosophie de gestion du réseau routier prônée par les collectivités.