Le projet de loi de finances pour 2026 introduit une mesure qui suscite déjà de vives réactions : le gel du barème de l’impôt sur le revenu. Concrètement, cela signifie que le barème ne sera pas ajusté à l’inflation, ce qui devrait rapporter 1,9 milliard d’euros supplémentaires dans les caisses de l’État selon l’estimation du Haut Conseil des Finances Publiques. Cette décision soulève de nombreuses questions, tant pour le budget 2026 que pour le quotidien des contribuables concernés.
Qu’est-ce que le gel du barème de l’impôt sur le revenu implique réellement ?
En temps normal, la revalorisation annuelle du barème de l’impôt sur le revenu permet d’ajuster les seuils d’imposition à la hausse des prix, protégeant ainsi les contribuables contre une inflation non compensée. Les tranches bougent avec l’évolution des prix, évitant que les foyers ne paient plus d’impôts sans véritable hausse de leur pouvoir d’achat.
Avec le gel du barème de l’impôt sur le revenu, cette revalorisation est suspendue : les seuils restent figés malgré l’inflation. Résultat : même si les revenus bruts augmentent légèrement, ils risquent d’être plus lourdement taxés. Ce mécanisme entraîne une hausse des recettes fiscales pour l’État sans modification officielle des taux d’imposition.
Quels effets le gel du barème peut-il avoir sur les ménages ?
Le gel du barème fiscal va impacter directement de nombreux foyers. Même lorsque les salaires évoluent pour suivre l’inflation, l’absence de revalorisation du barème se traduit par une augmentation des impôts sans amélioration réelle du niveau de vie. Il convient de préciser que le gel du barème impliquera qu’à partir d’un certain niveau de revenus, les contribuables deviendront imposables dès 2026. Ainsi, le seuil de revenus rendant imposable dès 2026 reste inchangé malgré l’inflation, et concernera une nouvelle tranche de ménages chaque année si le dispositif perdure.
De nombreux contribuables risquent ainsi de voir leur charge fiscale s’alourdir alors que leur pouvoir d’achat reste stable, voire diminue. L’inflation non compensée par le barème fiscal figé devient un facteur d’injustice ressenti au quotidien.
Non-imposables devenant imposables : nouvelle réalité pour une partie de la population ?
L’une des conséquences les plus marquantes concerne les foyers jusqu’ici non imposables. D’ordinaire, la revalorisation annuelle du barème les protège contre une entrée imprévue dans l’imposition, même en cas d’augmentation modérée des revenus liée à l’inflation.
Aujourd’hui, avec le gel du barème de l’impôt sur le revenu, davantage de ménages franchiront ce seuil et deviendront imposables, sans que leur situation réelle n’ait changé. Ce phénomène alimente le débat sur l’équité fiscale et certains n’hésitent pas à évoquer un impôt déguisé.
Quel effet sur les foyers modestes ?
L’effet du gel du barème est particulièrement redouté chez les foyers modestes. Déjà fragilisés par une inflation persistante, ils pourraient subir une augmentation des impôts alors que chaque euro compte dans leur budget quotidien. Cet impact touche notamment les personnes à la retraite, car leur pouvoir d’achat évolue peu face à l’inflation, même si certaines revalorisations sont décidées ponctuellement. À ce propos, il est utile de surveiller les prochaines hausses des pensions de retraite, dont les modalités dépendent d’arbitrages politiques réguliers.
Parmi les nouveaux contribuables figurent donc souvent des personnes aux revenus modestes, qui se retrouvent exposées à une pression fiscale supplémentaire, uniquement à cause de l’absence de revalorisation du barème.
Pourquoi cette mesure intervient-elle maintenant ?
Le gouvernement explique ce choix par la nécessité de réduire le déficit budgétaire. Depuis plusieurs années, l’équilibre entre les recettes et les dépenses publiques est un enjeu majeur pour stabiliser les finances.
L’apport estimé de 1,9 milliard d’euros dans les caisses publiques via ce gel s’inscrit dans une stratégie globale visant à soutenir le budget 2026, sans relever explicitement les taux d’imposition. Mais pour de nombreux contribuables, il s’agit bien d’une augmentation indirecte des impôts.
Un effet d’aubaine ou une stratégie réfléchie ?
Certains estiment que le gel du barème de l’impôt sur le revenu représente un effet d’aubaine pour l’État, qui augmente ses recettes fiscales sans engager de vraie réforme fiscale. Ce mécanisme discret agit comme un impôt furtif, difficile à percevoir immédiatement.
Le Haut Conseil des Finances Publiques confirme que l’impact budgétaire attendu est significatif, renforçant la capacité de l’État à rassurer les marchés et à financer ses engagements pour l’année 2026.
En quoi cette mesure s’ajoute-t-elle à d’autres choix fiscaux du budget 2026 ?
Le budget 2026 prévoit d’autres mesures fiscales, comme des baisses ciblées d’impôts via des réductions pour les dons aux associations ou fondations. Toutefois, ces avantages concernent surtout ceux qui peuvent effectuer ce type de dons et ne compensent pas l’effet négatif pour les foyers modestes touchés par le gel du barème.
Ce mélange de mesures crée une situation où il y a à la fois des gagnants et des perdants, ravivant le débat autour de la justice fiscale en France.