Elle possédait 10 appartements et un CDI, puis tout a basculé : « je suis devenue squatteuse, ça peut arriver à tout le monde »

Marie Lucchesi n’aurait jamais imaginé que son parcours d’entrepreneure et propriétaire immobilière la conduirait à vivre une précarité inattendue. Après des années de stabilité, cette femme dynamique s’est retrouvée confrontée à un basculement soudain : du confort matériel à la menace d’expulsion avec son mari, malgré un CDI solide. Son témoignage brise les clichés habituels sur le « squat » et met en lumière la complexité de ces situations, surtout dans un contexte de crise du logement et d’inflation rapide.

Un parcours envié avant le basculement soudain

Entrepreneure passionnée et investisseuse avisée, Marie avait bâti ce qui semblait être un modèle de réussite : dix appartements gérés avec rigueur, et un emploi stable grâce à un CDI. Pour beaucoup, son expérience incarnait l’idéal de la sécurité économique, accessible par l’effort et la persévérance.

Cependant, derrière cette image rassurante, les fragilités du système sont apparues brutalement. Un enchaînement de difficultés : loyers impayés de certains locataires, charges imprévues, hausse du coût de la vie… Tout cela a pesé sur son budget. La situation financière patiemment construite s’est effondrée, révélant que même un statut professionnel solide ne prémunit pas contre la chute. Récemment, de nouvelles règlementations ont été instaurées pour les propriétaires souhaitant louer leur bien, notamment l’obligation d’obtenir un permis pour la location dans certaines villes ; une évolution dont vous pouvez trouver plus de détails sur les étapes réglementaires pour louer un logement désormais imposées aux propriétaires.

Quand la perte de statut frappe sans prévenir

Au fil des mois, la pression a augmenté. Malgré un CDI et une activité professionnelle continue, Marie n’arrivait plus à régler son propre loyer. L’ironie du destin est cruelle : celle qui logeait autrui se retrouve menacée d’expulsion. Cette perte de statut social et financier peut frapper très vite, laissant souvent désemparé.

Cette dégringolade invite à repenser la notion de précarité inattendue. Réduire la situation de « squat » à une caricature occulte la diversité des histoires et la frontière parfois floue entre logement légal et occupation illégale.

Les conséquences concrètes d’une inaction des pouvoirs publics

Face à ses difficultés, Marie a découvert la lenteur des dispositifs de soutien et l’inaction des pouvoirs publics envers les ménages réellement en difficulté. Les aides sont complexes à mobiliser et interviennent rarement à temps pour éviter l’engrenage : mises en demeure, coupures de services essentiels, relances administratives… Puis vient la procédure juridique pour déterminer si le maintien dans le logement relève d’un droit ou d’une occupation assimilée au squat. Certains cas récents montrent combien la précarité peut s’aggraver à tout âge : par exemple, l’expulsion de seniors pourtant à la retraite met en lumière la vulnérabilité de nombreux foyers.

Dans ce climat tendu, devenir « sans droit ni titre » dans un logement devient moins exceptionnel qu’on ne le pense. Même avec la volonté de régulariser, la lenteur administrative et la rigidité des règlements aggravent la détresse et renforcent le sentiment d’exclusion.

Le choc : devenir squatteur malgré un CDI et une vie active

Du jour au lendemain, Marie et son mari ont basculé dans l’occupation sans droit ni titre. Le terme « devenir squatteur » prend ici une dimension nouvelle : ce n’est pas un choix malveillant, mais la conséquence tragique d’événements en cascade. Ni le CDI, ni un passé de propriétaire immobilière n’ont suffi à les protéger de l’insécurité résidentielle.

Le fait d’avoir été propriétaire n’a offert aucune immunité face à la spirale de dette et d’impayés. En quelques semaines, tous les repères volent en éclats : incertitude quotidienne, attente angoissée des décisions judiciaires, peur permanente de l’intervention d’un huissier.

Des procédures juridiques accélérées depuis la loi anti-squat de 2023

L’adoption de la loi “anti-squat” de juillet 2023 a rendu les procédures d’expulsion plus rapides pour occupation illicite. Si cela soulage de nombreux propriétaires, cette évolution suscite aussi l’inquiétude chez les profils fragilisés par la conjoncture. En 2024, plus de 24 000 ménages expulsés témoignent de la brutalité de cette nouvelle réalité.

Opposer le mythe du mauvais payeur invétéré à celui du « bon locataire » victime de la crise devient difficile. Les distinctions paraissent artificielles à mesure que l’insécurité résidentielle touche des profils jadis jugés stables.

La stigmatisation des nouveaux squatteurs : changer le regard

Le cas de Marie interroge nos préjugés sur les « squatteurs ». Voir une figure autrefois perçue comme intouchable, cumulant CDI et patrimoine immobilier, basculer dans la précarité rappelle que personne n’est complètement à l’abri d’un basculement soudain.

Derrière chaque situation d’occupation irrégulière se cache une histoire singulière, un accident de parcours, une succession d’aléas financiers. La frontière entre « logé légalement » et « occupant sans-titre » se brouille, à mesure que la société se fragilise.

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