L’annonce de la fermeture prochaine des deux magasins historiques situés au Centre Bourse et au Prado Shopping suscite une véritable onde de choc à Marseille. Véritable institution locale depuis 1901, la disparition de ces enseignes emblématiques déclenche un profond sentiment de nostalgie, tout en ravivant les inquiétudes pour l’avenir du centre-ville. Les salariés concernés, mais aussi les clients fidèles, ressentent difficilement cette étape supplémentaire dans la crise du commerce.
Pourquoi la fermeture des Galeries Lafayette à Marseille marque-t-elle un tournant ?
Le paysage commercial marseillais s’apprête à perdre bien plus qu’un simple magasin avec la fermeture prévue pour fin novembre 2025. Cette décision fait suite à d’importantes pertes annuelles, proches de 10 millions d’euros, malgré 30 millions investis en dix ans pour tenter de contrer la baisse de fréquentation. Derrière ces chiffres se cachent des décennies de souvenirs et d’habitudes profondément ancrées chez les Marseillais.
L’emplacement stratégique des deux magasins, installés respectivement au nouveau Prado Shopping et au mythique Centre Bourse, en faisait des adresses incontournables du shopping en centre-ville. La disparition de telles enseignes phares laisse un vide ressenti par les commerçants voisins comme par la clientèle régulière, accentuant l’impression que toute une époque s’achève.
Quel impact pour les salariés et l’économie locale ?
Ce sont près de 145 salariés qui font face à une incertitude majeure après l’annonce officielle début janvier. Beaucoup redoutent un bouleversement professionnel et familial, car nombre d’entre eux avaient trouvé là une stabilité parfois sur plusieurs générations. Dès le 24 janvier, le groupe a lancé des négociations sociales visant à proposer des solutions de reclassement interne ou externe, même si cela ne dissipe pas toutes les craintes.
Au-delà des emplois directs, près de 100 postes indirects liés à la sécurité, au nettoyage ou à la démonstration risquent également d’être menacés. À Marseille, la tendance semble malheureusement générale, puisque la fermeture récente des magasins Gifi confirme la baisse continue de fréquentation touchant différents acteurs majeurs du secteur. Pour de nombreuses familles, la perspective d’une liquidation massive dès mi-octobre renforce le sentiment d’insécurité. Plusieurs employés évoquent déjà la peur de devoir quitter Marseille ou de changer radicalement de secteur d’activité, tant la disparition de l’enseigne bouleverse leur quotidien.
Comment la fermeture influence-t-elle la vie du centre-ville ?
Ce départ précipite un peu plus Marseille dans la spirale de la crise du commerce qui frappe de nombreux centres-villes français. Les grandes enseignes jouent un rôle clé dans la vitalité urbaine, générant du passage et dynamisant les rues alentours. Leur fermeture provoque souvent un effet domino néfaste pour les petits commerces de proximité.
Depuis quelque temps, la tendance à la fermeture de magasins se confirme ailleurs dans la ville et inquiète aussi les riverains. Maintenir la fraîcheur dans son logement devient un autre défi à chaque vague de chaleur : selon l’avis de l’ADEME, il est conseillé de fermer les volets tôt le matin afin de conserver un intérieur agréable et de limiter l’impact de la chaleur, ce qui compte aussi pour les entreprises locales cherchant à garder une activité confortable et accueillante pendant l’été. Une fois les vitrines vides, l’incertitude règne : nouveaux projets, friches commerciales ou simples rideaux baissés peinent à trouver repreneur. L’ombre de la désertification commerciale plane ainsi sur ce secteur autrefois animé.
Quelles conséquences pour l’économie du quartier ?
Les retombées économiques dépassent largement les murs des anciens magasins. Restaurants, cafés, boutiques indépendantes profitaient traditionnellement de la fréquentation générée par ces locomotives commerciales. Sans elles, la baisse de flux devient vite perceptible, et les effets peuvent se propager en cascade sur l’ensemble du tissu économique local.
L’évolution du comportement des consommateurs, partagés entre achats en ligne et quête permanente de réduction/promotions, accroît la pression sur les boutiques physiques. Certains commerçants du Centre Bourse anticipent déjà des mois difficiles, contraints soit de se réinventer, soit de songer à baisser définitivement leurs volets.
Un héritage emblématique sur le point de disparaître ?
L’attachement de la population va bien au-delà de l’offre commerciale. Nombreux sont ceux qui se souviennent d’événements familiaux sous les coupoles de ces grands magasins ou de la magie particulière des fêtes de fin d’année. La fermeture met donc aussi un terme à une partie de la mémoire collective marseillaise.
Certains espèrent néanmoins qu’une transformation des sites permettra de raviver l’attractivité du centre-ville, peut-être grâce à de nouveaux concepts ou services adaptés aux attentes actuelles. Le défi sera alors de concilier préservation d’un patrimoine historique et adaptation aux exigences de la consommation moderne.